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Sur les réseaux socio-numériques, plusieurs internautes tunisiens se sont moqués de l’emplacement de notre chef du gouvernement sortant, Youssef Chahed — en troisième ligne et juste derrière le président rwandais, Paul Kagame — sur la photo de groupe des chefs d’États invités au premier forum économique russo-africain organisé, mercredi et jeudi, dans la ville de Sotchi, une station balnéaire du kraï de Krasnodar, au bord de la mer Noire, en Russie.
Or, ces amateurs de la géopolitique internationale ignorent que dans ce genre de situations, les présidents et les rois sont prioritaires sur les Premiers ministres et les chefs de la diplomatie, mais, surtout, que la Tunisie et sa jeune démocratie représentent un mauvais exemple aux yeux des dirigeants russes.
En effet, ces dernières années, la géostratégie de Vladimir Poutine a toujours privilégié les « deals » (accords) avec les États dirigés par des dictateurs ou des régimes militaires pour signer des contrats d’armements, en grande partie à travers le conglomérat étatique « Rostec » et la société publique russe « Rosoboronexport » : systèmes de défense anti-aérienne (Tor, Bouk, Pantsir-S1, S-300, S-400, etc.), chars d’assaut, blindés « Almaz-Antey », munitions « Pribor », programmes de reconnaissance faciale, hélicoptères de combat, avions et Kalachnikovs derniers cris.
« L’Afrique représente 40% du volume du portefeuille de commandes actuelles, à la fois en termes de valeur et de livraisons de différents types d’armes et d’équipements militaires », a fait savoir à l’Agence-France Presse (AFP) Alexandre Mikheev, « boss » de « Rosoboronexport », la célèbre société publique russe chargée des ventes d’armements, en marge du « sommet Russie-Afrique » (…). « Nous avons environ 12 milliards de dollars de contrats signés et payés. Vingt pays (africains) travaillent aujourd’hui avec la Russie. Cette année, nous livrons neuf pays africains », dont le Rwanda, le Mozambique, l’Ouganda et l’Angola, a-t-il ajouté.
D’autre part, dans son duel à distance avec Pékin, tout le monde sait que la Fédération de Russie veut rattraper le dragon chinois dans sa colonisation économique du Continent noir, en jetant son dévolu, surtout, sur les pays dont le sol regorge de richesses naturelles (terres rares, minerais et métaux) pour son industrie de l’armements et les besoins de ses entreprises des nouvelles technologies d’information et de communication (NTIC).
Nonobstant, l’opération de séduction de Moscou cible, aussi, les États pétroliers et gaziers de l’Afrique dans le but de décrocher des concessions de prospection et d’exploitation afin d’asseoir à nouveau la puissance économique du « grand ours » et acter définitivement le retour de l’empire russe sur la scène internationale.
Au dernières nouvelles, la société publique russe « Rosgeo », spécialisée dans les études géologiques et sismiques, a signé, mercredi, un accord avec le Rwanda pour la mise en place d’un laboratoire d’exploitation pour chercher des hydrocarbures dans le lac Kivu et des protocoles d’entente pour faire de la prospection de matières premières avec la Guinée équatoriale (« exploration géologique pour identifier des gisements de minéraux hautement liquides ») et le Soudan du Sud (« recherche, analyse et développement de gisements de métaux ferreux, non ferreux et rares, de terres rares et d’autres minéraux hautement liquides »).
« Le Soudan du Sud a un potentiel énorme pour le développement de gisements de minéraux solides », a déclaré le patron de « Rosgeo », Sergueï Gorkov, cité dans un communiqué.
Dans un autre registre, l’agence nucléaire russe « Rosatom » a signé, lors du premier jour (mercredi) de ce forum, un accord préliminaire avec l’Ethiopie, stipulant en plus « la construction d’une centrale nucléaire de grosse capacité ». Jeudi, le géant russe a, également, signé avec le Rwanda pour « construire un centre de recherche sur le nucléaire ».
En outre, le patron de l’agence nucléaire russe « Rosatom », Alexeï Likhatchev a précisé que 18 pays africains, dont l’Egypte, le Nigeria, le Soudan, le Kenya, le Ghana, la Zambie et l’Ouganda, étaient, déjà, liés par des protocoles d’accord avec le géant russe.
Cependant, du moment que la Tunisie n’est pas un pays riche en termes de géoressources ou un potentiel client de « Rosoboronexport » voire même « Rostec », et bien, n’importe quel leader tunisien autre qu’Youssef Chahed aurait eu le même traitement réservé par le service protocole du sommet de Sotchi.
Soyons honnêtes avec nous-mêmes, la République tunisienne et sa jeune démocratie ne faisaient pas partie des priorités du Maître du Kremlin, à Sotchi.
D’ailleurs, comme l’attestent les réunions du président Poutine avec les différents chefs d’États africains durant les quarante-huit heures de ce forum économique, notre pays ne figure pas parmi les partenaires stratégiques des Russes.
Enfin, un régime autoritaire soupçonné d’être derrière l’assassinat ou la mort suspecte de plusieurs journalistes locaux (Anna Politkovskaïa et Natalia Estemirova) et dissidents politiques (Boris Nemtsov, Stanislas Markelov, Anastasia Babourova, Alexandre Litvinenko, Sergueï Iouchenkov, Boris Berezovski et Sergueï Magnitski), et l’arrestation ou l’exil de nombreux opposants (Ex: le blogueur anticorruption et l’ennemi numéro 1 du pouvoir, Alexeï Navalny; le jeune leader du Front de gauche, Sergueï Ouldatsov; l’oligarque, ancien PDG du groupe pétrolier Ioukos et première fortune de la Russie au début des années 2000, Mikhaïl Khodorkovski et le champion du monde d’échecs de 1985 à 2000, Garry Kasparov) ne verrait pas d’un bon œil la dynamique politique d’une Tunisie pluraliste, qui vient d’élire démocratiquement un candidat indépendant comme président (apolitique) et renouveler son assemblée des représentants du peuple (ARP).
Alors, sachons raison garder.
belhassan
25 octobre 2019 à 08:34
On voit bien que le titre est volontairement tendancieux !
belhassan
25 octobre 2019 à 08:42
On voit bien que le titre est en effet volontairement tendancieux ! il n’a pas grand rapport avec le contenu du blablabla glané çà et là ! tout d’abord ce brave journaleu honoré par la fondation annah lindh – excusez du peu, on connait les objectifs et les liens de cette association à couverture ayant plusieurs casquettes du caritatif à la culture à la jeunesse et tout ce qui peut influencer durablement des sociétés- fermons la parenthèse ! ce brave reporter de profession ne pouvait donc certainement pas commenter de façon neutre l’information qui n’a pas du plaire à tout le monde ! la quasi totalité des pays africains ayant répondu à l’invitation de la Russie ca fait grincer des dents à l’occident ! et de plus que vient faire le mot « démocratie » pour qualifier la tunisie ca va ca suffit ces clichés de l’oncle Tom! ceci dit le protocole veut que les chefs d’états soient placés devant les ministres tout chef de gouvernement ou ex qu’ils sont et de plus le chef de gouvernement tunisien est arrivé très tardivement pour cause d’investiture du nouveau chef de l’état ! alors pourquoi interpréter et faire un petit papier de remplissage pour mettre une connotation négative à cette rencontre ! les tunisiens et les russes valent mieux que cela! continuez d’écrire pour anna lindh et laissez la presse nationale hors de ce circuit svp monsieur le reporter à jolie sourire et joli chapeau